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Toitures montiliennes : une reprise en coopérative planifiée
Publié le 28/10/2020 dans Revues de presse
Plusieurs mois avant la mise en redressement judiciaire, le directeur général et désormais gérant des Toitures montiliennes a préparé son dossier de reprise. Pierre Defosse a convaincu une dizaine de salariés de le suivre et décroché de multiples financements.
Plusieurs mois avant la mise en redressement judiciaire, le directeur général et désormais gérant des Toitures montiliennes a préparé son dossier de reprise. Pierre Defosse a convaincu une dizaine de salariés de le suivre et décroché de multiples financements.
Une reprise en Scop, ça se prépare ! C'est la morale de l'histoire de Toitures montiliennes, cette société de travaux de charpentes basée à Montélimar, dans la Drôme. L'entreprise a été reprise à la barre du tribunal par neuf de ses salariés le 1er décembre 2015 et transformée en coopérative.
A l'initiative de cette reprise, Pierre Defosse, nommé directeur opérationnel par l'ancien dirigeant en 2014. Très vite, il constate l'état précaire des finances de l'entreprise et le risque imminent de dépôt de bilan, et envisage immédiatement une reprise. « Dans le milieu du bâtiment en particulier, on ne peut pas se permettre de casser la production. Si les chantiers s'arrêtent, on ne peut plus sauver l'entreprise. Il fallait donc préparer la reprise bien avant que la boîte ne soit en redressement », analyse Pierre Defosse. Mais le dossier est risqué…
Pour réussir, il lui faut le soutien d'une partie des salariés. Neuf d'entre eux, principalement des cadres « formant la colonne vertébrale de l'entreprise », acceptent de le suivre et réunissent 150.000 euros sur leurs économies personnelles. Après un tour des financements possibles, ils se tournent vers le mouvement coopératif. Pierre Defosse l'avoue pourtant : « Pour moi, les Scop, c'était des hippies dans le Larzac ! » Il a vite changé d'avis.
Audit technique et financier
Deux experts mandatés par l'Union régionale des Scop (Urscop) réalisent un audit technique et financier qui conclut à la faisabilité de la reprise des Toitures montiliennes. Les salariés obtiennent ensuite une aide financière de 60.000 euros via un le fonds dédié aux coopératives Socoden, et de 100.000 euros auprès de France Active, le tout sous forme de prêts participatifs. Tandis que Transmea, une société de capital-investissement créée par l'Urscop Auvergne-Rhône-Alpes et dédiée à la reprise, investit plus 150.000 euros.
Quand Toitures montiliennes se retrouve en redressement judiciaire , le 5 octobre 2015, le dossier des repreneurs est fin prêt. Il ne leur manque « que » 100.000 euros, facilement prêtés par le Crédit coopératif. « Quand on a repris la boîte en décembre, nos clients ne s'en sont même pas rendu compte, car on n'a pas arrêté les chantiers, ne serait-ce qu'un jour. » Certes, tous les emplois n'ont pas été sauvegardés. De 45 employés en 2014, ils n'étaient plus que 23 après le rachat. « J'ai fait le ménage, déclare tout net Pierre Defosse. Le but était de sauver l'entreprise, pas les emplois : on reste une entreprise qui doit gagner de l'argent, une Scop n'est pas un kolkhoze ! »
Convaincu par le modèle coopératif
Depuis, l'entreprise a retrouvé des couleurs et créé une douzaine d'emplois. Sur les 35 salariés, 11 sont sociétaires et détiennent 95 % de l'entreprise. Le reste est encore détenu par Socoden, mais le prêt participatif sera remboursé cette année. Le chiffre d'affaires est passé de 4,5 millions d'euros avant la reprise à 5,8 millions en 2019. Les affaires tournent tellement bien que Toitures montiliennes a racheté 42 % de l'entreprise Royans Charpente, également en difficulté, et convaincu des salariés de passer eux aussi en Scop. « Pour fonctionner, le mouvement coopératif doit s'auto-alimenter », estime Pierre Defosse, désormais convaincu.
28/10/2020
Lire l'article sur le site des Echos